Role Models : Encourager la réussite par la culture de l’exemple

Written by on 14 mars 2017

Nombre de lecteurs qui me suivent sur les réseaux sociaux, et qui ont lu mon interview menée par Jocelyn Durizot (cf. « Le Progrès Social » n° 3109 du 28 janvier 2017),  savent que le 15 janvier dernier, j’ai lancé CaribbeanBossLady.com, une plateforme Internet dédiée à l’encouragement du leadership féminin dans la Grande Caraïbe. Un projet qui me tenait à cœur depuis une dizaine d’années, et que j’ai réalisé cette année seulement, m’estimant enfin prête et mûre pour partager mon expérience et celle de femmes caribéennes inspirantes sur ce sujet de l’empowerment féminin. Encourager l’empouvoirement des femmes caribéennes, ce n’est pas seulement une tendance. Cela répond à la nécessité de montrer et de construire des modèles de réussite au féminin Caraïbe afin que les femmes parviennent à briser le plafond de verre qui leur a été imposé et que, bien souvent, elles ont aussi intégré. Dans la logique d’empowerment, je ne suis pas la seule, et d’autres personnes travaillent à déconstruire les mythiques surannés, ainsi que les barrières mentales qui nous empêchent de progresser individuellement, mais aussi en tant que communauté. Je vous propose donc de découvrir trois autres initiatives d’empouvoirement dans la Caraïbe, parce qu’avoir des « role models », comme disent les Américains, cela inspire et suscite l’envie de réussir.

Talan An Nou

Lancé fin 2015, TalanAnNou.com a d’abord été GuadeloupeTerreDeTalents.com. Fondé par Yasmyn Camier, véritable graine guadeloupéenne d’Oprah Winfrey, comme j’aime à le dire, l’objectif de cette plateforme est, dès le départ : « valoriser, inspirer, motiver, booster le leadership et développer la confiance en soi ainsi qu’une identité positive ». Un chantier colossal, lorsque l’on connaît les méandres identitaires, managériaux et interpersonnels de notre société Guadeloupéenne postcoloniale qui a, disons-le franchement, parfois tendance à être infanticide. « Ce projet est né du désir de promouvoir les indénombrables talents de l’île peu (re)connus et de prouver que la réussite est accessible à tous.Les premiers pas de Talan An Nou furent marqués par le partage d’articles de presse/de blog sur les réseaux sociaux. Il s’agissait de faits positifs, inspirants sur des Guadeloupéens vivant leurs rêves. Chaque article était accompagné du message suivant : ‘Guadeloupe : terre de talents’. En effet, en se basant sur la Méthode Coué à force de se répéter une phrase positive consciemment, on finit par s’en convaincre inconsciemment.J’ai malheureusement constaté que ce genre de ‘success stories’ étaient insuffisamment diffusées. A l’instar des faits négatifs d’actualité traitant de la violence et des maux de notre société, outrageusement relayés par beaucoup d’entre nous. Ce qui progressivement participe à notre conditionnement mental composé de pensées négatives et limitatives sur notre identité et possible réussite. Nous avons davantage besoin d’histoires positives pour garder espoir, pour s’inspirer, pour alimenter notre créativité et avancer. Par-dessus tout, il y a d’innombrables talents en Guadeloupe, nous les croisons souvent sans même le savoir…C’est ainsi que mon envie d’aller à la rencontre de Guadeloupéens pour les interviewer et publier leurs histoires est née. Cette idée a fait son chemin dans ma tête durant plus de quatre ans », selon Camier qui, depuis octobre dernier, a déjà organisé deux belles conférences sur l’estime de soi pour entreprendre et réussir dans la vie. Depuis début 2017, TalanAnNou.com présente aussi des talents d’Haïti et de Martinique. 

Martinique Pionnières

Martinique Pionnières est le premier et unique incubateur dédié aux projets portés par des femmes en Martinique. Membre du prestigieux réseau « Pionnières » (ISO 9001), et présidé par la serial entrepreneure martiniquaise Sandra Casanova, l’incubateur Martinique Pionnières est une «initiative (qui) a regroupé plus d’une centaine de personnalités issues des mondes politique et socio-économique. Ce partenariat public/privé est indispensable pour permettre à cet outil de jouer pleinement son rôle de créateur de richesse et d’emplois durables », selon Casanova. Consciente des freins plus nombreux que rencontrent les femmes dans la réussite de leurs projets professionnels, Martinique Pionnières propose un accompagnement adapté aux porteuses de projets : « Les créatrices apprennent à concilier vie professionnelle et vie privée, maitrisent au cours des phases de pré-incubation et d’incubation les éléments essentiels à l’éclosion d’une entreprise pérenne. Tous les aspects pratiques de l’entreprise sont passés en revue et la Femme va bénéficier d’un module sur la confiance en soi et la suppression des verrous conscients ou inconscients qui bloquent l’acte de création. Créer est un acte de foi, ainsi, elles basculent dans la création, en confiance et en conscience ! Elles apprennent à présenter leurs projets en vue du passage en comité de validation, puis lors de négociation avec les banques et organismes financiers. Elles réseautent, prennent conscience qu’il y a généralement dans ce même incubateur des compétences et projets complémentaires aux leurs, et l’alchimie finit par opérer ! L’incubateur, permet de créer une atmosphère sereine et bienveillante, ce qui facilite l’entraide et l’émergence d’une intelligence collective. Il n’y a pas d’autocensure, on ne s’impose pas de limite infondée. Une entreprise de Pionnières peut devenir internationale »,précise Casanova. A ce jour, Martinique Pionnières se bat pour survivre, car étant financés par des fonds européens dont la reconduction n’a pas encore été votée par le Conseil Territorial de Martinique, l’organisme est depuis quelques semaines sous la menace d’une procédure de redressement judiciaire.

La Chambre de Commerce des Femmes Entrepreneures d’Haïti (CCFEH)

Il y a près de deux ans, la politologue haïtienne, Daniella Jacques, jeune trentenaire, a lancé la Chambre de Commerce des Femmes Entrepreneures d’Haïti, afin d’œuvrer à l’émancipation et à l’autonomisation des femmes à travers l’activité économique. « Je défends de meilleures conditions de vie pour les femmes en général, les femmes d’affaires en particulier. En organisant le secteur afin d’éradiquer la pauvreté féminine », déclare Jacques, qui a aussi délivré un puissant talk sur les marchandes ambulantes en Haïti (les « Madan Sara ») lors du dernier TEDxPTP en novembre 2016, sur le campus de Fouillole.
Au début des années 2000, Jacques luttait déjà pour l’émancipation des femmes haïtienne, en devenant membre de l’organisation « Fanm Yo La » (Les femmes sont là) qui promeut l’implication des femmes haïtiennes dans les affaires politiques. Parallèlement, elle a tracé un remarquable parcours au sein de la Jeune Chambre Internationale (JCI) d’Haïti, et a accédé aux plus hautes fonctions de l’association. Elle porte aujourd’hui le titre honorifique de Sénateur (membre à vie) JCI. Avec d’autres femmes d’affaires haïtiennes à la CCFEH, elle aide les femmes à monter leurs entreprises, à les structurer, à les pérenniser et à trouver des financements pour un meilleur développement.