Entre sacrifices et culpabilité, dur d’être mère et entrepreneure

Written by on 6 mai 2018

Gérer un emploi du temps très chargé, oser demander de l’aide, dépasser leur sentiment de culpabilité, tels sont les principaux défis évoqués par les mères entrepreneures, lors de la conférence qui leur était dédiée, samedi  6 mai, dans le cadre du premier Salon de la maternité en Guadeloupe. 

Programmée en début de journée par l’association Aides aux Futurs et Jeunes Parents (AFJP), organisatrice de ce salon, la conférence sur les témoignages de mères entrepreneures n’a guère attiré de public. Pourtant, le sujet est porteur puisque la Guadeloupe fait partie des régions françaises où les femmes entreprennent le plus. Et les témoignages de samedi ont mis en lumière le besoin d’échanger sur les problématiques rencontrées et de partager les solutions trouvées pour y répondre. 

Emploi du temps (sur)chargé 

La principale intervenante de la conférence était Lucie Angélique, qui est à la fois salariée, entrepreneure et mère d’un enfant. Pour elle, « le plus difficile est de gérer le temps » « il y a l’école, le travail. Et le soir, je dois m’occuper de mon enfant, préparer ce qu’il faut pour le lendemain, mais aussi confectionner mes créations, puisque je suis artisan ». En effet, la jeune femme est à la tête d’Alie Création, une entreprise de fabrication d’objets en bois, liège, matières végétales.  

« Malgré le soutien du père, on a beaucoup de poids sur les épaules, a expliqué Lucie Angélique.Et avec cette culture de la femme potomitan, on en arrive à culpabiliser d’être fatiguée et de vouloir faire une pause. Or, on en a le droit. On a le droit de faire appel à notre entourage pour garder son enfant quelques heures, sans en culpabiliser, parce qu’on a besoin de se revitaliser pour repartir. »

Selon elle, s’octroyer des moments de détente pour soi est donc indispensable afin de se libérer du stress, se reposer et disposer d’un bon état d’espritpour notamment« vivre pleinement les moments avec son enfant».   

Des futures mères à rassurer  

Après avoir partagé son expérience, Lucie Angélique a invité l’assistance à prendre la parole pour témoigner, poser des questions. Deux jeunes femmes enceintes ont exprimé leurs interrogations concernant la gestion du temps, la garde des enfants. 

« Il faut s’y prendre bien à l’avance pour le mode de garde, car il n’y a pas assez de places en crèches, et surtout solutionner le maximum de problématiques possible avant la naissance, afin de pouvoir être sereine après »,a recommandé Lucie Angélique. Elle leur a aussi conseillé de se rapprocher des organismes dédiés pour obtenir les bonnes réponses, de ne pas hésiter à se former et à rechercher de l’aide auprès de leur entourage.  

« Des années de sacrifices »

Par la suite, le Dr Véronique Plocoste-Anyla, gynécologue-obstétricien, mère de deux enfants, a livré sa vision, basée sur ses vingt années d’expérience. En préambule, elle a expliqué : « j’ai ouvert mon cabinet et deux mois après, j’étais enceinte. Trois semaines après mon accouchement, j’ai repris mon activité professionnelle. Et deux mois après, j’étais enceinte de mon deuxième enfant. Je savais ce qui m’attendait ». 

Et de poursuivre : « Quand on est femme entreprenante, il faut se dire que l’on part pour quelques années de sacrifices. Pour une mère entrepreneure, c’est beaucoup plus compliqué. Même si le père est là, la présence d’une mère demeure une priorité pour l’enfant ».

Dr Véronique Plocoste-Anyla n’a jamais eu de temps de pause pour elle, mais ne le regrette pas. Elle était présente pour l’accompagnement scolaire de ses enfants, elle a toujours fait les rentrées et sorties d’école, elle a été déléguée de parent d’élèves. Sa grande satisfaction : ses enfants, désormais grands, ont eu le parcours qu’elle souhaitait pour eux.

Autre motif de fierté, sa réussite professionnelle : « il n’était pas question que j’abandonne ma carrière. Pour tout mener de front, je me suis sacrifiée, mais le résultat est là ». 

A travers les témoignages lors de cette conférence, les mères entrepreneures ont surtout laissé transparaître leur constante préoccupation que leurs enfants ne souffrent pas de leurs absences, en mettant tout en œuvre pour trouver le juste équilibre entre vies professionnelle et familiale.