Interreg Caraïbes : deux femmes actrices de la coopération territoriale

Written by on 30 mai 2018

Ils étaient 114 au départ, 24 ont été retenus, seul 11 ont finalement été agréés. Eux, ce sont les projets soumis au Comité de sélection du programme de coopération territoriale européenne, Interreg Caraïbes 2014-2020.Un processus long et difficile qui s’est achevé les 30 et 31 mai, en Guadeloupe. Focus sur deux porteurs de projets, Sabine Garnier et Odile Lebbadi-Breteau, des femmes aux profils différents, mais animées par le même désir d’une coopération caribéenne croissante. 

« Bâtir ensemble la Caraïbe », telle est l’ambition affichée de l’Union Européenne (UE), via Interreg Caraïbes, dont le 5eprogramme, pour les années 2014 à 2020, a officiellement été lancé en décembre 2016, à Sainte-Lucie. Celui-ci a pour but de favoriser la coopération territoriale entre les acteurs de Guadeloupe, Guyane, Martinique et Saint-Martin et une quarantaine de territoires caribéens, « par le financement de projets gagnant/gagnant ». 

Pour ce faire, 85,7 millions d’euros de budget ont été alloués :  

La Région Guadeloupe est chargée d’en assurer la gestion. 

Par ailleurs, le programme Interreg Caraïbes est limité à 6 grandes thématiques jugées prioritaires : emploi et innovation, risques naturels, santé publique, énergies renouvelables, capital humain, environnement naturel et culturel. 

Alors que plus d’une centaine de demandes avaient été déposées au départ, 11 ont été finalement retenues, à l’issue d’une présentation au Comité de sélection par les porteurs de projets en personne, le 31 mai, au Gosier : 5 de la Guadeloupe, 5 de la Martinique et 1 de Saint-Martin.  

2 femmes, 2 projets, 2 fortunes diverses 

Parmi les projets sélectionnés, figure le « Caribbean Marine Mammals Preservation Network » (Carimam), porté par Sabine Garnierde l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB), basée en Guadeloupe.

Elle explique : « notre objectif est de mettre en réseau les gestionnaires d’aires marines protégées à l’échelle de la Caraïbe. Le chef de file est Agoa, sanctuaire mammifères marins, qui est géré par l’AFB. Quatre territoires français (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) en font d’ores et déjà partie. 

Il s’agit pour nous de renforcer ce partenariat, en allant plus loin, grâce à des moyens supplémentaires via les fonds européens. Nous voulons l’étendre d’abord aux territoires néerlandais de la Caraïbe (Saba, Statia, Sint Maarten, Bonaire), puis à d’autres pays extra-communautaires, à savoir la République Dominicaine, Cuba, Turks and Caicos. »

Dans le cadre de ce réseau, seront organisés des colloques, des ateliers pour réunir les scientifiques et institutionnels afin qu’ils travaillent ensemble sur les problématiques incontournables pour préserver les mammifères marins. 

« Avec nos partenaires caribéens, nous voulons partager les outils, les données. Nous serons aussi un fer de lance en organisant des séminaires pour inciter nos voisins à réfléchir collectivement sur la préservation de notre patrimoine marin et sur l’économie bleue en terme de développement économique. »        

Pour la session de présentation des projets en Guadeloupe, une autre femme avait fait, elle le déplacement depuis l’île-soeur, Odile Lebbadi-Breteau, la CEO de Martinique Medical Care.

« Nous sommes une conciergerie médicale, dont le principe est d’accompagner les patients caribéens qui viennent se faire soigner en Martinique. Nous organisons aussi bien les rendez-vous médicaux que les prestations de services annexes. Il y a une vraie demande, puisqu’en 2016, année de notre premier exercice, nous avons accueilli une centaine de patients. 

Nous travaillons avec Sainte-Lucie et la Dominique. Notre projet est de développer d’autres destinations, afin de proposer à plus de patients de la Caraïbe de venir dans l’île ». 

Selon Odile Lebbadi-Breteau, cela aura notamment un effet positif pour le tourisme local, les patients étant de fait des consommateurs.

Son projet n’a pas été retenu par le Comité, malgré son intérêt pour la région. Cependant, nul doute que ce revers ne découragera pas cette ancienne enseignante qui s’est lancée dans l’entreprenariat, après avoir repris ses études et être sortie major de sa promotion à l’ESSEC, une grande école de commerce française. 

Et comme Sabine Garnier, elle mise sur la coopération caribéenne comme outil de réussite.