Comment l’indécision et le manque de fermeté compromettent votre leadership

Written by on 13 juillet 2018

Voilà plus de 10 ans que mes différentes missions, et le travail que je fais ou que j’ai eu à réaliser au niveau de politiciens, businessmen, collectivités, organisations d’État, et même associations, me conduisent à réfléchir à la meilleure façon d’être un leader et de susciter l’adhésion. Bien souvent, j’ai eu à conseiller des personnalités qui voulaient ou créer ou affirmer leur leadership. Si j’estime qu’il n’y a pas une recette idéale pour cultiver son leadership, et qu’il faut surtout être authentique même dans cette démarche, j’ai néanmoins pu détecter nombre d’erreurs qui peuvent être fatales au leadership d’une personne. Au rang de ces erreurs, l’indécision et le manque de fermeté.  En guise de retour d’expérience, je vous livre ici une partie de ma réflexion, après avoir été interpelée, en privé, par nombre d’entre vous, sur ces problématiques, suite à la crise en Haïti, mais aussi au vu des ambitions politiques qui commencent à poindre avec l’horizon 2020 en France et dans la Caraïbe française. 

Vous perdrez l’adhésion et la motivation de vos équipes et collaborateurs 

Être un leader demande une sacrée dose de courage, car exposer ses opinions et ses ambitions publiquement, c’est oser offrir le flanc pour se le faire percer. Autrement dit, vous êtes perpétuellement soumis à l’opinion des autres qui vous la renvoient souvent en pleine figure avec une véhémence, voire même avec une violence qui n’est (volontairement ou involontairement ?) pas maîtrisée et qui peut secouer les fondations les plus profondes de votre personne, de votre identité, et des raisons même qui vous poussent à vous engager en tant que leader. Il est donc tout à fait compréhensible que l’appréciation qu’un leader reçoit soit aussi importante pour lui. Pour certains, ce sera le respect qui importera le plus, et pour d’autres, l’amour et l’amitié dont le gratifient ses équipes, ses sympathisants, ses followers, ou autres, seront ce qui comptera le plus.

Ce que j’ai pu constater, c’est que dès lors que l’envie d’être aimé dépasse la cause, les gens, l’entreprise que vous voulez défendre à travers votre leadership, l’indécision et le manque de fermeté vous attendront au tournant. C’est ainsi que je me souviens d’un politicien avec qui j’ai eu à collaborer brièvement, et qui demandait parfois l’impossible à ses équipes en termes de conciliation de points de vue et de process antagonistes et qui, une fois une solution trouvée – aussi géniale et magique fusse-t-elle, répondait invariablement : « On en reparle plus tard », le regard fuyant, et la main déjà sur la poignée de la porte d’où il pouvait s’échapper le plus rapidement que possible. Bien sûr, il ne revenait jamais vers ses collaborateurs et ses équipes, n’en reparlait pas, ne tranchait pas, et laissait parfois une situation se dégrader. Il pensait sûrement que « ne pas choisir, c’est encore choisir », pour paraphraser Jean-Paul Sartre.

C’est vrai, et c’est aussi un mode de management. Un mode de management mou et inefficace qui fera des collaborateurs et des équipes les plus motivés des personnes blasées, qui ne seront plus motivées à produire la magie quotidienne nécessaire pour être de vrais moteurs pour leur leader. Il est essentiel de comprendre qu’un leader ne peut plus, à l’heure du tout inclusif, exister par et pour lui seul, et que de ce fait, le travail et les solutions fournis par ses équipes et collaborateurs demandent à être respectées en leur opposant une décision, dans les meilleurs délais. Même si c’est un « NON » – idéalement argumenté, prenez le temps de le dire à ceux qui se donnent la peine pour vous. La considération du travail des autres passe aussi par-là, et laisser les choses en suspens, est l’une des pires sources de démotivation et de dégoût de vos collaborateurs qui deviendront dès lors de plus en plus imperméables à votre management.

Vous donnez l’impression de ne pas avoir de valeurs ni de convictions 

Un grand leader, c’est celui qui garde ses valeurs et ses convictions comme une boussole, une carte, un compas et une équerre même dans la tempête afin de pouvoir retrouver la route la plus certaine vers son port de destination ou d’attache. Dans les moments difficiles, de doute, et où les stratégies se heurtent pour faire le meilleur choix, ne pas se décider ou manquer de fermeté dans les messages et les directives passés à ses équipes et collaborateurs, peut aussi être interprété comme l’absence de valeurs et de convictions chez le leader. Dès lors, celui qui fait preuve d’indécision et de fermeté apparaît comme une girouette qui se laisse porter au gré du vent des intérêts quels qu’ils soient.

Vous laissez pourrir des situations qui demandent une solution concrète

Un bon leader, c’est aussi celui qui apporte des solutions. C’est la base. Dès lors, rester prisonnier de l’indécision et du manque de fermeté, quelle que soit la raison, sera un élément hautement compromettant pour votre leadership, et votre capitale confiance commencera à être sérieusement entamé. Choisir, être ferme dans ses prises de position et dans les stratégies à déployer, sont aussi des capacités primordiales pour apporter des (bonnes) solutions. Ces capacités caractérisent le leadership, mais elles conditionnent aussi la confiance qui sera placée en un leader…ou qui lui sera retirée, s’il faillit à apporter des solutions.

Votre légitimité de leader sera questionnée et contestée

Comme en amour, il n’y a pas de leadership en soi :  J’aime à dire il n’y a que des preuves de leadership. De facto, il faut bien intégrer que le leadership n’est jamais acquis, et qu’il s’agit d’un ensemble de capacités à travailler, et qu’il est comme une montagne qui se gravit perpétuellement, sans pour autant jamais parvenir au sommet. Dès lors que l’indécision et le manque de fermeté paralysent votre ascension sur les flancs de cette montagne, vous verrez poindre d’autres grimpeurs qui eux, ont compris que le leadership demande un travail constant, qu’il s’entretient, et qu’il faut, pour l’assurer avec succès, avoir envers soi-même une exigence de sportif. Si vous ne savez pas décider, trancher, être ferme, et considérer alors la présence de ces autres comme une opportunité de mettre en place un relai, pour aller plus loin, votre légitimité en tant que leader sera questionnée, voire contestée.

Un bon leader ne pourra jamais plaire à tout le monde, et souvent, il sera amené à prendre des décisions difficiles, qui pourraient être impopulaires à l’instant T. Mais un bon leader, s’il est équitable et sage, sait surtout que le seul juge qui compte, c’est l’Histoire ou encore comment il aura œuvré pour le progrès de l’Humanité. 


Tagged as