8 leçons apprises en travaillant en milieu professionnel hostile

Written by on 15 octobre 2021

Beaucoup de mes followers m’interrogent souvent en privé sur la façon de naviguer en milieu professionnel hostile. Étant une jeune femme qui travaille dans un milieu politique parfois féroce, depuis longtemps, beaucoup d’entre vous me posent souvent la question sur ce que j’ai appris en milieu professionnel hostile. Qu’est-ce qu’un milieu professionnel hostile ? Soyons clairs (et cash) : le milieu professionnel n’a pas pour vocation à être le pays des Bisounours, mais j’aime à croire qu’à défaut de tous s’aimer, nous pouvons nous respecter, respecter les objectifs fixés et déployer des stratégies pour réussir ensemble, en tant qu’équipe. Si les hostilités peuvent venir des collègues et de la hiérarchie, la nature même du contexte, ou encore un management inapproprié peuvent aussi favoriser le développement d’hostilités et/ou d’une compétition violente. Si j’estime que personne ne devrait jamais subir la violence inhérente aux hostilités, je pense néanmoins que travailler dans de telles circonstances peut aussi être l’occasion d’apprendre et de rester « on top of the game ». 

1-Sortir de ma zone de confort et développer le sens de l’innovation

Aussi loin que je m’en souvienne, que ce soit au niveau des emplois salariés que j’ai occupés ou encore les entreprises que j’ai développées, je n’ai jamais aimé choisir la facilité. Si le philosophe Hegel (dont le travail sur le sens de l’Histoire m’a profondément marquée) disait que « rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion »,j’ai aussi la conviction que rien de grand ni de valable ne s’accomplit sans heurts, et que c’est notre capacité personnelle et collective à rester déterminé.e.s et à trouver des stratégies pour continuer d’avancer qui distingue les leaders des suiveurs, les faiseurs de ceux qui subissent, et les visionnaires des résignés. Il est nécessaire, à mon sens, d’avoir une certaine gravité et une lucidité qui permettent de comprendre que la capacité à relever des défis (surtout lorsqu’ils concernent l’intérêt général et les affaires de la Cité), n’est pas un privilège, mais bel et bien une charge, car cela vous pousse à sortir d’une zone de confort pour concevoir des stratégies innovantes, quitte à bousculer un peu l’ordre établi ; surtout lorsque cet ordre est devenu synonyme de résignation face à l’entropie.

2-Faire mieux attention aux relations interpersonnelles

S’il est une des grandes leçons que j’ai apprises en travaillant dans des milieux professionnels tendus, voire hostiles, c’est que le relationnel prime bien souvent sur les compétences. Lorsque j’étais plus jeune, je m’offusquais souvent de voir telle ou telle personne être promue ou obtenir un job à la place d’une autre personne plus expérimentée, mieux formée, et qui a une vision beaucoup plus ambitieuse de son travail et de ce qu’elle pourrait apporter à un poste. À l’époque, je n’avais pas encore compris qu’il y avait des logiques relationnelles et de réseautage en présence.

En poste dans une île de la Caraïbe, j’ai eu comme collaborateur direct un homme, plus âgé que moi, et qui avait une connaissance fine et folle du terrain que je découvrais alors : réseaux, enjeux, forces en présence, détails personnels, etc. Bref, le collaborateur rêvé ! Parce qu’il était un peu original, mes prédécesseurs ne l’ont jamais respecté, et les personnes pour lesquelles nous travaillions faisaient bien peu cas de lui, à tel point que ce qu’il apportait au groupe était systématiquement dévalorisé et que son travail n’était même pas officialisé par un contrat (pour la petite histoire, j’ai dû batailler ferme pour que sa situation soit régularisée et qu’il ait un salaire décent…) ! Mon statut de nouvelle m’a sûrement aidé à l’apprécier sans préjugé, et à mieux apprécier la valeur de sa collaboration tant professionnelle que relationnelle. Au quotidien, la considération que je lui portais, sincèrement, ainsi que la valorisation de son travail, m’ont considérablement aidé à réussir ma mission. Mais j’ai pu aussi constater, en l’écoutant et en l’observant, à quel point un relationnel pourri avait pu l’affecter et atteindre la confiance qu’il avait de lui-même.

Travailler en milieu professionnel hostile ne devrait jamais nous pousser à sous-estimer le pouvoir d’un bon relationnel, ni même de la valorisation de l’autre.

3-Gagner en fermeté et en autorité

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur LinkedIn sur « comment l’indécision et le manque de fermeté compromettent votre leadership » (https://www.linkedin.com/pulse/comment-lindécision-et-le-manque-de-fermeté-votre-axelle-kaulanjan/), alors je ne m’étendrai pas beaucoup sur ce point. Néanmoins, ce que j’ai appris, surtout dans ce milieu politique où je travaille mais dans lequel je suis aussi engagée à titre personnel, c’est qu’en dehors d’être juste, faire preuve d’autorité et de fermeté est un atout majeur pour un leader ou quiconque évolue en milieu professionnel : fixer des objectifs, manager un groupe, sanctionner justement mais aussi valoriser à la hauteur des engagements des collaborateurs, trancher, etc., tout cela est nécessaire pour que vous continuiez à être crédible ; surtout en position de management et de leadership..

4-Rester parmi les MVP

Quand on évolue dans un milieu professionnel hostile, la première chose sur laquelle l’on cherche à vous attaquer, ce sont vos compétences et leur exercice. Êtes-vous réellement diplômé ? Avez-vous l’expérience nécessaire ? Avez-vous les épaules pour supporter la pression ? Parfois, les hostilités peuvent aller très loin, et même à toucher la vie privée.

En tant que mère célibataire, j’ai toujours mis un point d’honneur à ce que ce statut ne conditionne pas ce que je pouvais délivrer en tant que professionnelle : Des réunions tard ? J’anticipe en m’organisant avec une nounou ou la famille. En tant que jeune, j’ai toujours veillé à ce que ma jeunesse ne conditionne pas non plus mes résultats : Des challenges que je n’ai jamais rencontrés ? Je me réfère à un mentor, discute avec elle/lui sur son expérience et les stratégies développées pour surmonter brillamment (oui, je suis une esthète, et j’aime quand cela se fait avec style !) les difficultés. Un dossier que je ne comprends pas ? Je vais demander poliment de l’aide à un collègue ou un collaborateur plus expérimenté, même si je suis en position hiérarchique N+. Des connaissances me manquent pour avancer ? Je cherche à me former le plus rapidement que possible en retournant à l’Université, en dévorant des MOOC ou en lisant des ouvrages de personnalités ayant réussi. Il y a toujours une solution pour apprendre, encore et toujours, et vite !

Gagner en compétences grâce à l’apprentissage perpétuel est une nécessité dans la vie professionnelle, et encore plus particulièrement lorsque l’on évolue dans un milieu professionnel hostile : il faudra toujours compter avec les plus compétents ; qu’on les aime…ou pas !

5-Apprendre à dire non et à s’en f**tre

La plupart des (jeunes) professionnels apprécient que leur travail soit valorisé. De ce fait, dire non, leur est très difficile, car pour beaucoup, opposer un refus pourrait être interprété comme un manque de professionnalisme. Très vite, accepter toutes les tâches – ingrates ou valorisantes – peut devenir chronophage et énergivore. Être tout le temps disponible et pour tout le monde, pour tout et n’importe quoi, ne vous conduira qu’à un seul résultat : l’épuisement. Or, un professionnel épuisé, mentalement et physiquement, est un professionnel moins alerte et moins efficace.

C’est un cercle vicieux dont il faut savoir vous extraire. Le signal d’alarme pour moi ? Le jour où mon fils, 4 ans alors, m’a lancé : « Maman, tu ne joues plus avec moi, et tu es tout le temps fâchée ! ». La douche froide ! J’ai su alors qu’il me fallait mieux gérer mes priorités, et cela passait par apprendre à dire non, et à laisser glisser les peccadilles sur le vernis de mon indifférence.

6-Apprécier les haters et apprendre d’eux

Ah, les haters ! Vous savez, ceux qui n’osent jamais par eux-mêmes, et qui jalousent d’autres…Ceux qui n’innovent pas ni ne prennent de risques, mais sont toujours dans votre sillage…Ceux qui n’osent pas, mais critiquent ceux qui agissent…Ceux à qui vous donnez leur chance, mais qui sont ingrats…Bref, ceux qui ont toujours une bonne raison de vous casser, ouvertement, ou subrepticement. Les haters, quoi !

Au fil du temps, j’ai appris que si vous n’avez pas au moins un hater, c’est que vous n’avez pas encore réussi ! Non, ce n’est pas une blague. Votre réussite renvoie souvent d’autres à leurs inconséquences, leurs incohérences, leurs incompétences et leur manque de courage. Il faut aimer vos haters. Et pour cela, il faut les connaître, les comprendre, et avoir de la compassion pour eux, et les éduquer par l’exemple ! Et puis, il y a forcément quelque chose dont vous pourrez apprendre d’eux. Pour moi, cela a été la nécessité de renforcer mon estime de moi et mon assurance. Merci, bisous !

7-Ne pas tout prendre à un niveau personnel

C’est un peu le corollaire du #6, et l’erreur que nous commettons souvent, c’est de cristalliser, par un mouvement égotique naturel, tout sur notre personne. En milieu hostile, les attaques ad hominem sont légion, et il est extrêmement facile de tout prendre, surtout les critiques négatives et destructives, à un niveau très personnel. Les conséquences peuvent être néfastes sur une vie, sur une carrière.

Apprenez à prendre de la hauteur, à appréhender les situations et les configurations comme une jeu de dames ou d’échecs : avec sang-froid et avec suffisamment de distance pour comprendre les enjeux, les tenants et aboutissants, etc. Par exemple, à un poste à responsabilités, en tandem avec une autre personne qui avait plus d’ancienneté que moi dans l’organisation, au début j’ai cru que cette personne qui me glissait peaux de banane sur peaux de banane ne m’appréciait pas, MOI. Eh non, en prenant le temps de bien analyser la situation, mais aussi l’historique, j’ai compris que cette personne avait stratégiquement un problème avec le poste que j’occupais alors, et non pas avec ma personne, car tous mes prédécesseurs avaient subi le même traitement.

Apprenez à prendre de la distance, et à cultiver, « la force tranquille », pour paraphraser feu François Mitterrand.

8-Passer à autre chose

Quand les hostilités peuvent atteindre votre intégrité, et que les incidences sont trop importantes, c’est peut-être aussi le signe qu’il vous faut partir, passer à autre chose. Mais attention, toujours avec classe, et de façon stratégique. Pour ma part, je n’ai jamais quitté une situation pour une autre moins valorisante, et j’ai toujours communiqué sur ce que j’apportais en termes de valeur ajoutée. C’est aussi une façon d’anticiper la suite et de préserver votre réputation qui ne doit jamais être conditionnée par ceux qui se sont montrés hostiles envers vous ou votre travail.

Gardez la tête haute, et n’hésitez jamais à claquer la porte lorsque l’on vous manque de respect, lorsque la malveillance est devenue la règle, lorsque le harcèlement quel qu’il soit est une méthode de management, lorsque vous êtes dévalorisé.e.s. Vous êtes un.e. professionnel.le, certes, mais vous êtes avant tout un être humain, et vous avez droit à la dignité. N’ayez pas peur de claquer la porte et de passer à autre chose. Toujours avec style !